Vierzon est à la croisée des chemins, qu’ils soient fluviaux (c’est le pays des cinq rivières : l’Yèvre, le Cher, le Barangeon, l’Arnon et le canal de Berry), autoroutiers ou ferroviaires. Sa position centrale ouvre sur deux régions naturelles : la Sologne d’un côté, le Berry de l’autre, avec toutes les richesses de la première et du deuxième, les spécialités de la Sologne (produits de la chasse et de la pêche) s’accordant parfaitement avec les nectars berrichons (quincy et reuilly), par exemple.
L’essor industriel de Vierzon : de la forêt à la porcelaine
De cette situation géographique, Vierzon en a fait une force, profitant des avantages de la forêt, de la rivière, de la présence dans son sol d’argile réfractaire, pour développer toute une industrie, des industries même. Si la Révolution industrielle a débuté dans les années 1760-70, on peut dire que Vierzon n’a pas tardé à prendre le train de la nouveauté. En 1779, le comte d’Artois, frère de Louis XVI et futur Charles X (1824-1830), crée une forge dans la ville. Mais c’est avec la porcelaine que celle-ci prend son essor.
Une première manufacture ouvre en 1816, d’autres vont suivre, dans la porcelaine et d’autres domaines (verrerie, céramique, faïencerie). D’importantes infrastructures accompagnent et affirment cette poussée industrielle : le canal de Berry, bien sûr, ouvert en 1829 (on dit bien canal « de Berry », et non « du Berry », son nom faisant référence au duc de Berry), et le chemin de fer (la gare est inaugurée en 1847, tôt donc dans l’histoire du chemin de fer français).
Vierzon et le machinisme agricole : une révolution mécanique
Après la forge et la porcelaine, c’est le machinisme agricole qui investit la ville (et qui investit « dans » la ville). En 1847, Célestin Gérard ouvre un atelier de réparation pour machines agricoles. Un succès. L’atelier ne cesse de croître jusqu’à employer 500 ouvriers lors de sa revente, en 1879 ! Cinquante ans plus tard, leurs successeurs fabriqueront les fameux tracteurs « Vierzon », qui feront connaître la ville bien au-delà des limites du Cher. À l’époque, Vierzon compte quatre autres usines dans le secteur du machinisme agricole, dont elle est la capitale ; entre 1920 et 1950, le « made in Vierzon » représente 70 % de la production française de matériel de battage.
Le mouvement ouvrier vierzonnais : figures de la révolte et de l’engagement
C’est en toute logique que ce développement industriel a vu, en parallèle, celui du mouvement ouvrier. Deux Vierzonnais sont restés dans l’Histoire non seulement locale, mais nationale : Edouard Vaillant, né et inhumé à Vierzon, condamné à mort après la Commune mais qui reviendra dans sa ville natale après dix ans d’exil ; Félix Pyat, révolutionnaire en 1830 et 1848, très actif lui aussi pendant la Commune. N’oublions pas, parmi les célèbres ouvriéristes vierzonnais, Eugène Baudin, porcelainier, céramiste, conseiller municipal de Vierzon et député du Cher dans les années 1880-90, Emile Péraudin, ouvrier porcelainier avant d’être maire de Vierzon en 1900, ou encore Auguste Okolowicz, Vierzonnais très actif durant la Commune.
Vierzon à travers les siècles : des destructions aux renouveaux
Mais bien sûr, Vierzon existait bien avant l’ère industrielle… bien qu’elle fût (probablement) détruite comme d’autres villes par Vercingétorix dans le cadre de sa politique de la terre brûlée (vingt villes Bituriges furent incendiées) lors du siège d’Avaricum (Bourges) mené par Jules César. Mais sa situation ne pouvait que donner lieu à une renaissance : elle sera oppidum gallo-romain, avant que ne soient bâtis dans son périmètre un château, une abbaye… et une motte castrale par les Vikings ! Les siècles suivants, elle connaîtra les affres de l’Histoire : pillages lors des affrontements entre Plantagenêts et Capétiens, destructions pendant la guerre de Cent-Ans, tensions durant les guerres de Religion, bombardements lors de la Seconde Guerre mondiale… Les années 70-80 ont été difficiles, en raison du contexte économique, mais Vierzon, profitant une fois de plus de sa situation géographique, s’est depuis vu ouvrir de nouveaux axes de développement.