De Pierrefonds, en lisière de la forêt de Compiègne, on connaît surtout le château, qui trône au-dessus de la localité. Mais celle-ci possède d’autres atouts, d’autres petits trésors du patrimoine à côté desquels on ne saurait passer sans prêter attention, car derrière eux se cachent une saga, une histoire. Même brièvement, rendons-leur justice !

Un village

En premier lieu, citons le bâtiment des voyageurs de la gare, inscrit à l’Inventaire supplémentaire des Monuments historiques. Il faut dire que jadis, l’endroit était stratégique, car Pierrefonds, grâce à son château et à son établissement thermal – Pierrefonds-les-Bains est devenu un site important dans ce domaine dès 1856 –, a connu un important afflux touristique jusqu’à la Première Guerre mondiale : il y aura jusqu’à cinq hôtels dans la ville ! Durant celle-ci, l’Hôtel des Bains fut transformé en hôpital militaire. Les voyageurs ne viendront plus, le trafic cessera en 1940, le fret en 1966, avant un démantèlement de la ligne l’année suivante…

Remontons encore plus loin, beaucoup plus loin, en évoquant l’église Saint-Sulpice, autre patrimoine précieux de Pierrefonds. Sa fondation remonte aux années 1060. Mais seule la crypte est encore de style roman – crypte qui renfermait autrefois une source guérisseuse des fièvres. Depuis cette époque, les lieux ont bien changé : une église supérieure a été élevée sur les fondations romanes, avant de connaître elle-même différentes transformations. Une curiosité : le clocher est situé au bout de la nef gauche, et non pas, comme c’est le cas de pratiquement toutes les églises, en façade ou à la croisée du transept.

 

 

Côté nature, le lac tient un rôle capital, car c’est au bord de cette étendue d’eau que furent découvertes les sources d’eau sulfureuse, dont l’exploitation débuta au milieu du XIXe siècle. « L’eau de Pierrefonds réussit principalement dans certaines affections de la peau ou des muqueuses, dans les engorgements abdominaux, les rhumatismes, les maladies de l’appareil respiratoire, lit-on dans un ouvrage de 1856. L’hôtel des Bains est entouré d’un jardin très agréablement situé au bord d’un petit lac avec droit de pêche pour les clients de l’hôtel. » Parmi les atouts de l’endroit, « il y a un restaurant dans l’établissement. Barque pour la promenade sur le lac. »

 

Un château

Le site classé de l’étang et du parc de l’établissement thermal, qui s’étend sur 22 hectares, offre un point de vue somptueux sur le château qu’il est grand temps de présenter ! Car c’est pour lui que l’on se déplace, pour ce château rebâti à la fin du XIVe siècle – il y en avait déjà un précédemment – par Louis d’Orléans, frère de Charles VI, démantelé au XVIIe par Richelieu, tombé en ruines, avant que Napoléon III, le voisin de Compiègne, ne demande à Eugène Viollet-Le-Duc de le reconstruire, ce que l’architecte va faire à son idée, en inventant un château typique du Moyen-Âge réinterprété façon XIXe. L’objectif était d’en faire une demeure pour l’empereur. Celui-ci, d’une prodigalité proverbiale, finança les travaux, gigantesques, sur sa cassette personnelle.

 

 

Si Viollet-Le-Duc a respecté le plan d’origine, il a ajouté, ce qui n’existait pas au départ, en tout cas pas en si grand nombre, des machicoulis, des pont-levis, des courtines, des cheminées crénelées, puisant son inspiration dans les miniatures des Très Riches Heures du duc de Berry.Stoppés net par la chute du Second Empire, en 1870, les travaux reprendront en 1873, avec un financement d’État. Le projet, pharaonique, s’achèvera en 1885, sous la conduite du gendre de feu Viollet-Le-Duc.

Une histoire mouvementée, donc, que celle de Pierrefonds et son château, que les curieux sont invités à découvrir en visitant le monument, mais aussi « Les Secrets de Pierrefonds », un musée créé et animé par un fin connaisseur de la commune.