Trois autres cathédrales l’ont toutefois précédée : une première bâtisse, consacrée à saint Saturnin, construite au IVe siècle et détruite lors de la prise d’Angoulême par Clovis en 508 ; une deuxième, dédiée à saint Pierre, consacrée en 566 avant d’être incendiée en 981, suite à un incendie lié aux raids normands dans la région ; une troisième, enfin, élevée de 991 à 1015, abandonnée un siècle plus tard en raison de ses dimensions trop petites.
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Au début du XIIe siècle, l’Angoumois est l’un des plus riches comtés du duché d’Aquitaine et souhaite montrer sa prospérité au travers d’une cathédrale plus spacieuse. C’est l’éminent évêque d’Angoulême Girard II qui est à l’initiative de la nouvelle cathédrale dont la construction débute en 1110. Il dirige lui-même le chantier et décide de couvrir la bâtisse de coupoles, s’inspirant ainsi des cathédrales de Périgueux et de Cahors. L’édifice est quasi terminé en 1138, année de sa consécration.
Pillée pendant les guerres de Religion, transformée en temple de la Raison sous la Révolution, la cathédrale Saint-Pierre d’Angoulême est transformée au cours des siècles, mais c’est au XIXe siècle, de 1852 à 1879, qu’elle subit les changements les plus importants. Elle endure en effet la restauration radicale de l’architecte Paul Abadie (fils) qui lui donne son aspect actuel, et ce sous l’égide d’Antoine-Charles Cousseau, évêque d’Angoulême. Un pignon, des clochetons et des statues équestres sont ajoutés à la façade occidentale. Le dôme de la croisée et le clocher sont reconstruits.
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La cathédrale Saint-Pierre se compose d’une large nef unique de trois travées carrées (la première travée est une reconstruction du XIXe siècle), large de vingt mètres et surmontée de trois coupoles. Cette nef est suivie d’un transept aux bras très courts au bout desquels s’ouvre une absidiole semi-circulaire. La croisée du transept est couverte par une coupole octogonale. Enfin, on note un chœur à abside demi-circulaire sur lequel sont greffées quatre absidioles (seule celle du nord-est est romane, les trois autres ayant été reconstruites au XIXe siècle).
La pièce maîtresse de l’édifice est sans conteste sa façade occidentale d’origine romane qui présente un riche décor sculpté. L’ensemble des bas-reliefs remonte au XIIe siècle hormis les représentations de saint Martin (à droite du portail) et de saint Georges (à gauche) qui datent de la restauration du XIXe siècle. Les principaux thèmes représentés sont l’Ascension du Christ et le Jugement dernier. À l’intérieur des arcades, onze apôtres et la Vierge regardent vers le haut où est représentée l’Ascension du Christ qui domine la façade. Debout, entouré des symboles des quatre Évangélistes, le Christ lève la main droite dans le geste de la bénédiction. Le Jugement dernier est évoqué par les sculptures des élus (à l’intérieur des arcades qui encadrent l’Ascension) et par celles des damnés (à chaque extrémité du second registre de la partie médiane). Par ailleurs, à droite du portail, on peut admirer une scène de chasse et une frise sculptée représentant un combat de cavaliers inspiré de la Chanson de Roland.
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Avant de quitter la cathédrale Saint-Pierre, ne manquez surtout pas de visiter le Trésor exposé dans la chapelle Saint-Thibaud (transept sud) et dans les deux salles au premier étage de cette chapelle. Cette flamboyante collection d’environ cent cinquante objets d’art sacrés, dont la mise en scène a été confiée en 2010 à l’artiste Jean-Michel Othoniel, est une explosion d’or et de couleurs où se succèdent ostensoirs, reliquaires, statues, calices, vêtements liturgiques…