Il n’est peut-être pas mal vu d’être un bon dormeur ; cela fait même envie, on imagine le visage serein, sourire aux lèvres, de l’endormi satisfait, à l’abri de tout souci. Mais une chose est sûre : il est de bon ton de s’afficher petit dormeur, « moi, je ne dors que cinq heures par nuit ! », le torse gonflé. Manière de dire, « je suis un hyperactif, je me couche tard, je me lève tôt, j’ai une vie remplie, admirez-moi »…
Mais après tout, nous ne sommes pas tous égaux devant le sommeil. Certaines personnes ont, il est vrai, la chance de récupérer en quelques heures seulement de leur journée précédente. Tant mieux pour elles. Or, pour la majorité des gens, le déficit de sommeil est délétère, tant il est capital, essentiel, vital même de dormir ce que l’on doit dormir, généralement une huitaine d’heures par nuit. Et TOUTES les nuits, car il importe d’avoir un rythme régulier. C’est dans ce laps de temps que nos cellules se régénèrent, que la tension artérielle diminue, que le rythme cardiaque ralentit.
L’hormone du sommeil, la mélatonine, est produite à partir de la sérotonine, elle-même fabriquée dans le cerveau par le tryptophane, un acide aminé. Plusieurs aliments contiennent ce dernier : céréales complètes, banane, noix de cajou, amandes… N’hésitez pas à les intégrer à vos desserts du soir !
Moins sollicité qu’à l’état de veille, le cerveau, à l’instar du cœur ou des autres organes, ne s’arrête pas de fonctionner durant la nuit : il trie les informations de la journée, élimine celles qui ne servent à rien, place au premier plan les plus importantes, ce qui ressemble parfois à de la magie quand la solution à un problème nous apparaît au réveil (d’où l’expression « la nuit porte conseil »). D’ailleurs, dormir est excellent pour la mémoire. Nous avons tous fait l’expérience, enfants, des leçons apprises le soir pour les savoir par cœur le lendemain matin.
Autres vertus ? Le bon sommeil, profond et régulier, nous préserve des infarctus, des AVC, limite le diabète, l’obésité (car il met en veille la sensation de faim), protège du surmenage. À contrario, le manque de sommeil conduit tout droit à la dépression, en passant par des étapes aussi peu réjouissantes que l’irritabilité, la lassitude, la fatigue bien sûr…
Avant tout, se préparer
Un bon sommeil (sans médicaments, cela va sans dire), cela s’organise. Si vous n’avez pas l’habitude de tomber rapidement dans les bras de Morphée, il s’agit de mettre tous les atouts de votre côté, de vous lover dans une routine de sommeil, car comme nous l’avons écrit plus haut, il importe de respecter une certaine régularité, avec un coucher à heure fixe (pas trop tôt) et un réveil à heure fixe aussi (mais pas trop tard).
Parmi les choses à éviter : les écrans, au moins une demi-heure avant le coucher (leur rayonnement est néfaste pour le sommeil), et bien évidemment le café ou le thé, au moins quatre heures avant de rejoindre le lit. Le bain chaud ? Certains le préconisent, puisque la chute de la température dès que l’on sort de la baignoire favoriserait l’endormissement, d’autres le déconseillent. La logique va dans le sens d’un bain chaud pour se détendre… mais pas juste avant de se coucher !
Une chose est certaine : évitez les pensées polluantes, celles que l’on rabâche sans cesse une fois la lumière éteinte, en premier lieu ce qu’il y a à faire le lendemain, comme le coup de fil à la banque, la réponse au courriel du collègue, etc. Astuce : notez-les sur une feuille que vous retrouverez dès le réveil dans la cuisine ou sur votre bureau. Vous en serez débarrassé pour la nuit.
À la fin d’une journée au cours de laquelle vous vous serez physiquement suffisamment dépensé(e), après avoir, deux à trois heures avant le coucher, dîné suffisamment, mais pas trop, à base de féculents (viandes, poissons et œufs sont indiqués plutôt au déjeuner) et sans boire d’alcool, rejoignez votre chambre où règne une température douce, installez-vous dans votre lit douillet (n’hésitez pas à investir dans un bon matelas, de bons oreillers ; c’est important), et… nous y sommes presque !
La méthode du professeur Weil
Un peu de lecture ne fait pas de mal, elle prépare même à l’endormissement. Un câlin est tout aussi bienvenu, puisque l’activité sexuelle stimule la production d’endorphines et diminue le stress. Mais un autre procédé est présenté comme idéal pour s’endormir : la technique du 4-7-8, mise au point par Andrew Weil, professeur à l’université de Harvard. Une méthode dont le principe est d’apporter à l’organisme une quantité d’oxygène supérieure à celle de la respiration normale.
- Assis(e) bien droit, les pieds au sol, touchez votre palais du bout de la langue juste derrière les incisives (gardez cette position durant tout l’exercice) et expirez tout l’air présent dans les poumons.
- Fermez la bouche et inspirez doucement par le nez en comptant dans votre tête jusqu’à 4.
- Retenez votre souffle en comptant jusqu’à 7. Puis expirez bruyamment par la bouche en comptant jusqu’à 8.
Répétez trois fois de suite, et… dormez ? Non, pas encore. « Infaillible pour s’endormir en quelques instants », c’est ce qui est promis par certains sites web. En réalité, quatre à six semaines de 4-7-8 quotidiens (deux fois par jour) sont nécessaires pour trouver, au bout du compte, les conditions propices à un endormissement rapide et paisible.